8 décembre 1975Liens réciproques entre l’Eglise et l’évangélisation15. Quiconque relit dans le Nouveau Testament les origine de l’Eglise suit pas à pas son histoire et la regarde vivre et agir, voit qu’elle est liée à l’évangélisation par ce qu’elle a de plus intime. -L’Eglise naît de l’action évangélisatrice de Jésus et des Douze. Elle en est le fruit normal, voulu, le plus immédiat et le plus visible : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples »(37). Or, « ceux qui accueillirent la Parole furent baptisés et environ trois mille se sont réunis à eux…Et le Seigneur augmentait tous les jours ceux qui embrassaient le Salut »(38) -Née par conséquent de la mission, l’Eglise est à son tour envoyée par Jésus. L’Eglise reste dans le monde lorsque le Seigneur de gloire retourne au Père. Elle reste comme un signe à la fois opaque et lumineux d’une nouvelle présence de Jésus, de son départ et de sa permanence. Elle le prolonge et le continue. Or, c’est avant tout sa mission et sa condition d’évangélisateur qu’elle est appelée à continuer (39). Car la communauté des chrétiens n’est jamais close en elle même. En elle la vie intime –vie de prière, écoute de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, charité fraternelle vécue, pain partagé (40) – n’a tout son sens que lorsqu’elle devient témoignage, provoque l’admiration et la conversion, se fait prédication et annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ainsi toute l’Eglise qui reçoit mission d’évangéliser, et l’œuvre de chacun est important pour le tout. -Evangélisatrice, l’Eglise commence par s’évangéliser elle même. Communauté de croyants, communauté de l’espérance vécue et communiquée, communauté d’amour fraternel, elle a besoin d’écouter sans cesse ce qu’elle doit croire, ses raisons d’espérer, le commandement nouveau de l’amour. Peuple de Dieu immergé dans le monde, et souvent tenté par des idoles, elle a toujours besoin d’entendre proclamer les grandes œuvres de Dieu (41) qui l’ont convertie au Seigneur, d’être à nouveau convoquée par lui et réunie. Cela veut dire, en un mot, qu’elle a toujours besoin d’être évangélisée, si elle veut garder fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Evangile. Le concile Vatican II a rappelé (42) et le Synode de 1974 a fortement repris ce thème de l’Eglise qui s’évangélise par une conversion et une rénovation constantes, pour évangéliser le monde avec crédibilité. -L’Eglise est dépositaire de la Bonne Nouvelle à annoncer. Les promesses de l’Alliance Nouvelle en Jésus-Christ, l’enseignement du Seigneur et des Apôtres, la Parole de vie, les sources de la grâce et de la bénignité de Dieu, le chemin du salut, tout cela lui a été confié. C’est le contenu de l’Evangile, et donc de l’évangélisation, qu’elle garde comme un dépôt vivant et précieux, non pour le tenir caché mais pour le communiquer. -Envoyée et évangélisée, l’Eglise elle même envoie des évangélisateurs. Elle met dans leur bouche la Parole qui sauve, elle leur explique le message dont elle est dépositaire, elle leur donne le mandat qu’elle-même a reçu et les envoie prêcher. Prêcher non leur propres personnes ou leurs idées personnelles (43), mais un Evangile dont ni eux ni elle ne sont maîtres et propriétaires absolus pour en disposer à leur gréé, mais dont ils sont les ministres pour le transmettre avec une extrême fidélité (37) Mt 28,19 (38) Ac2, 41.47 (39) cf Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium,n.8 ; Décret sur l’activité missionnaire Ad Gentes n.5 (40) cf Ac2, 42-46 ; 4,32-35 ; 5,12-16 (41) cf Ac2, 11 ; 1P 2, 9 (42) Ad Gentes, nn 5, 11-12 (43) cf 2Co 4, 5 |